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La verticalité de l'être

Étape actuelle du projet : scénarisation 


Réflexion et point de départ

Il y a quelque chose de fascinant et de mystérieux dans le simple fait d'exister sans trop savoir qui on est vraiment. Absorbé dans le corps, dans le mental et dans le monde phénoménal depuis la naissance, on passe notre vie à se déployer à travers de multiples expériences, mais au-delà de la personnalité qui s'y construit au fil du temps, qui est celui que l'on nomme « Moi »? La sensation d'exister que procure le Moi est probablement l'un des facteurs les plus énigmatiques du monde manifesté dans lequel on vit et pourtant très peu d'entre nous s'y intéressent vraiment. Ce constat est d'autant plus flagrant aujourd'hui dans cette ère du cyber espace et des technologies omniprésentes où le silence et l'immobilité deviennent une source de malaise.

L'histoire, que je vais élaborer, traite de la période charnière dans la vie de Mariloup, une mère monoparentale, où tout son univers c'est écroulé après la séparation difficile avec le père de sa fille. Une forme de dépression c'est installée progressivement en elle, et plus rien l'interpèle dans la vie sauf l'intuition de retourner le regard vers l'intérieur, dans une quête identitaire. Elle le fera à travers une pratique non orthodoxe inspirée par le silence, l'immobilité et la gravité. 

Le film suivra les aléas de sa fille de six ans, qui est dans une période charnière tout aussi importante qu'elle, mais à l'opposé de la sienne. Curieuse, téméraire et pleine de vitalité, Charlotte est en pleine expansion et en plein développement de son Moi/Ego/Personnalité, alors que Mariloup cherche à sublimer sa personnalité égoïque qu'elle a du mal à supporter. Son état dépressif et l'urgence de sa quête identitaire font en sorte qu'elle a moins d'énergie et de désir à prendre soin de sa relation avec sa fille. Bien que Charlotte soit assez débrouillarde et autonome pour une petite fille de 6 ans, elle n'est pas encore outillée pour comprendre ce qui se passe avec sa mère et va ressentir cet écart comme une forme d'abandon. C'est ce lien tendu et viscéral qui se cache derrière leur amour respectif que je vais explorer et développer comme axe centrale à l'écriture du scénario.


Prémisse de travail

À la tombé du jour, une communauté d'hommes et de femmes se rassemblent en dessous d'un pont pour se suspendre à trois pied du sol afin d'entrer en relation intime avec la gravité. Charlotte, une petite fille de six ans, s'amuse à déposer des papillons sur le corps suspendu de Mariloup, sa mère, absorbée dans un silence profond. Un évènement anodin autour d'une bande de petits garçons avec leurs lance-pierres, va sortir Mariloup de son état d'absorption et déclencher en elle de la colère refoulée. Ce déversement sur la place publique aura pour effet de faire ressortir toute l'insécurité de Charlotte face à l'état dépressif de sa mère. Pour y échapper, elle ira se réfugier dans une vieille cabine téléphonique désuète dans un champ avoisinant et entretiendra un lien insolite avec l'opérateur téléphonique au bout du fil. Charlotte fera la rencontre de Ludovic, un jeune musicien de 26 ans au tempérament excentrique, avec qui elle passera la nuit en dessous du pont à faire les quatre cents coups et à écouter de la musique en regardant les corps tomber.


Recherche et exploration

Je compte développer cette étape d'écriture dans un contexte de laboratoire de recherche basé sur des improvisations structurées afin de laisser surgir une partie du contenu de manière inattendue. Dans un studio avec des interprètes, je vais explorer, tester et développer divers aspects techniques et poétiques de tableaux ou de scènes potentielles, qui vont me permettre de préciser et nourrir le processus d'écriture du scénario. Je vais me servir de la caméra et du montage vidéo comme outils d'écriture avant d'aboutir à la version finale sur papier.